Hirsutisme, La Femme a Barbe

Longtemps avant que les femmes à barbes deviennent des attractions de foires, elles étaient déjà honorées dans la mythologie et le folklore de l’ancien monde. Au 5ème siècle avant JC, Hippocrate lui-même, le père de la médecine moderne, parla d’une prêtresse à barbe nommée Athéna. On croyait que sa barbe conférait à la prêtresse des dons de voyance.  Au Moyen-âge, la plupart des femmes à barbe étaient considérées comme des sorcières, quoique l’une d’elles, une nonne espagnole au 14ème siècle, fût une sainte. Sa fête de Sainte Paula est toujours célébrée le 20 janvier. Et, croyez-le ou non, Sainte Paula n’est pas la seule figure religieuse poilue. Le 20 juillet, c’est la fête de Sainte Wilgeforte qui était la fille du roi de Portugal et femme à barbe d’après la rumeur. On a aussi prétendu au 15ème siècle que la régente des Pays-Bas, Margaret de Parme avait la barbe. Mais cette légende est une pure fiction probablement répandue par ses opposants.  

Ce n’est pas avant la Renaissance que les femmes à barbes commencèrent à s’exhiber pour de l’argent.  Julia Pastrana fut probablement la plus fameuse femme à barbe. Mais Mme Clofullia était probablement la plus proche d’elle en termes de popularité à cette époque.

Joséphine Boisdechène naquit en 1831 dans le village suisse de Versoix couverte d’une fine fourrure et, à deux ans, elle avait de la barbe. Actuellement, son état est connu comme de l’hirsutisme, qui est une variante de l’hypertrichose. Les médecins de l’endroit étaient dépassés par ce cas et pensaient que “ça passerait avec l’âge”. On lui recommanda d’aller consulter à Genève lorsqu’elle serait plus grande. C’est ce firent ses parents lorsqu’elle eut 8 ans mais à ce moment, sa barbe avait déjà 5 cm de long. Les médecins de Genève étaient aussi perplexes et les parents ne savaient pas quoi faire, ils pensaient même que de raser sa barbe pourrait la faire repousser plus drue. Finalement, ils décidèrent de la cacher en l’envoyant au pensionnat.

Le pensionnat enseigna à Joséphine la grâce, le charme et les manières élégantes. Malgré le fait qu’elle était une belle femme, à l’âge de 16 ans, la barbe de Joséphine mesurait plus de 20 cm et son apparence attirait les foules. Essayant de tirer parti au mieux de sa situation unique, elle commença à s’exhiber à Genève et en France avec son père faisant office d’impresario. C’est en France que Joséphine rencontra un artiste barbu nommé Fortuné Clofullia. Ils tombèrent amoureux et se marièrent. Dorénavant connue comme Madame Clofullia, Joséphine tenta de couper court aux rumeurs qu’elle était un homme en tombant enceinte et en donnant naissance à une petite fille normale en 1851. Le public aussi bien que les médecins furent convaincus, mais l’enfant mourut après seulement 11 mois. Elle enfanta une deuxième fois d’un garçon baptisé Albert, à peine quelques mois après la mort de sa fille. Albert était assez joli et en bonne santé, quoique lui aussi avait une fine barbe tout bébé.

P. T. Barnum finit aussi par signer un contrat avec Madame Clofullia en 1853 et elle commença à paraître au Musée Américain de New-York comme “La Femme à Barbe de Genève”. Pendant ses prestations, Joséphine avec un air royal. Sa féminité était accentuée par sa garde-robe de style victorien, sa barbe était taillée à la Napoléon III et était souvent luxueusement ornée de bijoux. Au fur et à mesure que sa popularité croissait et que l’attraction rencontrait davantage de succès, les rumeurs coururent de nouveau selon lesquelles elle serait un homme. Le cas finit par être soumis au tribunal. Le procès suscita la frénésie des medias.  En fin de compte des médecins furent appelés comme témoins et trois d’entre eux signèrent une déclaration comme quoi “La Femme à Barbe” était bien complètement femme.  

Jusqu’aujourd’hui, certains persistent à croire Barnum lui-même était à l’origine de ces rumeurs. Si on considère que pendant le procès, 3 millions de personnes payèrent Barnum pour voir Mme Clofullia avec son fils Albert comme “Enfant Esaü”, cette hypothèse semble bien plausible.

Mme Clofullia resta populaire assez longtemps après son procès. Cependant, malgré sa célébrité, on ne sait pas ce qui s’est passé au cours de ses dernières années. La fin de son histoire s’est perdue dans les brumes du passé et la date de sa mort n’est pas connue.

(Information empruntée à http://thehumanmarvels.com/?p=45)