|
Julia Pastrana, une actrice de l’époque victorienne en est une illustration. Elle fit une tournée en Europe, au Canada et aux Etats-Unis où elle était annoncée sur les affiches comme la Femme à Barbe ou la Femme Poilue, l’Indescriptible, la Femme-Singe, la Merveilleuse Hybride ou la Femme-Ours.
Julia Pastrana (1834-1860) était une des plus fameuses curiosités humaines de son temps. Née pauvre au Mexique, elle souffrait d’un désordre héréditaire rare (hypertrichose) qui n’était pas compris à l’époque victorienne et qui faisait que tout son corps était recouvert de poils noirs soyeux. Ajoutez –y une mâchoire proéminente et des dents énormes qui rendaient son apparence positivement simiesque. Mais, bien que grotesque et effrayante, elle dégageait une grâce féminine. Elle chantait des airs espagnols d’une voix douce, elle avait des membres fins mais des formes généreuses et ne dépassait pas 1m35. Elle se coiffait de façon sophistiquée et portait des vêtements brodés avec de la dentelle que lui arrivaient à peine aux genoux. Elle parlait trois langues, cousait et cuisinait. Sur scène elle dansait un pas solo écossais. |
 |
Quand elle fit sa tournée londonienne en 1857 dans un de ces spectacles monstrueux qui étaient populaires à cette époque, elle attirait des journalistes, des médecins et des scientifiques. Elle était très populaire. Cela coûtait 3 shillings pour la voir à la Régent Gallérie, à comparer avec le salaire hebdomadaire d’un ouvrier victorien qui était de 6 shillings. Promue par son impresario et nouveau mari particulièrement cupide, Théodore Lent, Julia était alors annoncée comme “L’indescriptible”, suggérant par là qu’elle était d’une espèce unique, peut-être le “chaînon manquant” entre les humains et le reste du règne animal. Les débats faisaient rage dans les gazettes quant à son origine et son aspect était décrit dans tous les détails. Elle se soumettait volontiers à des examens médicaux et reçu maints visiteurs distingués. Charles Darwin la mentionna dans son livre “Les variations des animaux et des plantes par l’effet de la domestication” :
"Julia Pastrana, une danseuse espagnole était une femme remarquablement admirable. Elle avait une épaisse barbe masculine.”
Julia aimait beaucoup son mari et, en 1959 à Moscou, elle tomba enceinte de leur premier enfant. Les médecins étaient inquiets. Les hanches étroites de Julia et sa frêle ossature pourraient signifier une naissance difficile, prévinrent-ils. Le 20 mars 1860, Julia donna naissance à un petit garçon couvert de poils. Il mourut dans les 35 heures. Julia mourut cinq jours plus tard à l’âge de 26 ans.
Théodore Lent était inquiet : Julia était sa banque. Maintenant, la banque était fermée ! Comment allait-il vivre maintenant que cette source de revenus était morte ? Eureka ! Il eut une idée. Pourquoi la banque devrait-elle fermer ? Il envoya le corps de Julia et de son nouveau-né au Professeur Sukolov à l’Université de Moscou pour les embaumer. Le processus prit 6 mois mais le résultat fut étonnant. Les restes momifiés de Julia avaient l’air vivant. Il habilla Julia d’un de ses costumes de scène et son fils d’une jolie tenue de marin. Il les installa sur un piédestal et les emmena en tournée, les exhibant comme des spécimens conservés.
 |
Au cours d’une tournée en Suède, Théodore rencontra une autre jeune femme poilue nommée Zenora qui souffrait d’une condition semblable à celle de Julia. Il l’épousa et l’emmena en tournée en la présentant comme Zenora Pastrana, sœur de Julia. Théodore devint de plus en plus riche. Dans les années 1880, il se retira avec Zenora à St Petersbourg où ils achetèrent un musée de cire. Théodore ne profita pas très longtemps de sa retraite car il tomba malade et fut envoyé dans un asile de fous où il mourut.
(Extrait de "The Restless Corpse of Julia Pastrana" par Lisa Waller Rogers)
Découvrez tout ce que l’on peut savoir sur l’hirsutisme, l’hypertrichose, les femmes poilues, les cause et traitements y compris certains remèdes naturels à la page suivante.
|